Le Collectif L’Unité du Droit (Clud) est heureux de vous annoncer la parution, au 03 décembre 2020, d’un nouvel ouvrage collectif coordonné sous la direction de son président, le professeur Mathieu Touzeil-Divina et publié aux éditions LexisNexis avec l’amicale complicité du président Bernard Stirn ainsi que du maestro Christophe Rousset.
A l’heure de préfacer ce bel ouvrage, Entre opéra & Droit, les mondes juridique et lyrique subissent la pandémie du Covid-19 de plein fouet. Ce n’est plus, avec Verdi, le « bal » qui est « masqué » mais bien tout l’opéra, comme le Droit.
A l’invitation du professeur Touzeil-Divina, universitaire juriste et lyricomane, accompagné du maestro Christophe Rousset (des Talens lyriques) et du Conseiller d’Etat, Bernard Stirn, voici une cinquantaine de contributeurs (artistes, juristes, administrateurs mais aussi hommes et femmes politiques et universitaires de multiples branches académiques) qui se sont virtuellement rencontrés au fil des présentes pages entre opéra & Droit. L’ouvrage est alors construit à l’image d’un entrelacs continu où, plutôt que de traiter d’une part du Droit et ensuite de l’opéra ou encore de consacrer à la suite des études séparées, se sont tous les chapitres qui ont été pensés à travers ce prisme inclusif permanent des liens entre les deux mondes étudiés.
Exit donc l’a priori selon lequel opéra et Droit n’auraient rien en commun ou en partage. L’introduction en file et en tisse les multiples linéaments : interprétation(s), passion(s), recherche(s) du « juste » ou encore nécessité d’incarnations humaines de livrets comme de normes couchés sur le papier : les mondes juridique et lyrique semblent effectivement bien plus liés qu’il n’y paraîtrait de prime abord. L’ensemble des phénomènes mondiaux de globalisation, de lutte contre les discrimination ou encore de territorialisation les traversent pareillement. Il en est de même de la féminisation que ces deux milieux ont encore du « mal » à prôner. Il faut alors se réjouir de ce que des cantatrices d’exception comme la diva Cecilia Bartoli accède à la tête de maisons lyriques – encore bien trop masculines – ou même que des cheffes comme Speranza Scappucci, divine dans sa direction récente (octobre 2020) au Théâtre du Capitole du Cosi fan tutte de Mozart, prennent – enfin – le pouvoir. L’ouvrage leur rend alors hommage à travers l’évocation d’héroïnes passées (comme Marian Anderson) ou présentes comme la metteuse en scène Mariame Clément et la soprano avocate Suzanne Taffot. Même si d’autres territoires nationaux et internationaux (comme évidemment l’Italie qui « clôture » l’opus grâce au témoignage du professeur Annunziata) sont évidemment évoqués, deux villes semblent alors au cœur de l’opus et ce n’est pas un hasard si les deux institutions lyriques de l’Opéra National de Paris et du Théâtre du Capitole sont partenaires de l’aventure : Paris et Toulouse, rythment le cheminement. On découvre alors, sous presque toutes ses facettes, le monde de l’Opéra par des prismes juridiques mais aussi – évidemment – l’inverse en proposant par exemple aux lecteurs des « contentieux lyriques » célèbres ou encore quelques « légendes » juridiques intéressées à l’art lyrique. L’ouvrage fait ainsi vivre ou plutôt revivre les directeurs de maisons d’opéra comme Gheusi et Astruc qui incarneront le service public lyrique et ose comparer des monstres sacrés comme la Tebaldi et la Callas à des juristes, tout aussi mythiques, comme Hauriou et Duguit ! C’est alors le chant, le livret mais aussi la danse, les costumes, ses fééries qui sont analysés, entre opéra et droit, par une kyrielle de contributeurs alternant les mondes et les points de vue. Qui aurait pu croire qu’une Etoile comme Mathieu Ganio et un chanteur lyrique comme le ténor Cyril Auvity côtoierait un costumier juridique comme Olivier des Moutis (Maison Bosc) ou encore une Présidente d’Autorité indépendante, comme la Conseillère d’État Isabelle de Silva, des professeurs d’Université, des avocats et des magistrats ?
Entre opéra & Droit, voilà que les rideaux tombent ou plutôt se lèvent pour permettre une interconnexion des mondes et des interprétations, des regards et des propositions.
Il devient alors plus aisé de regarder l’institution juridique Opéra avec un œil neuf (mais épris de musiques) où l’on verra s’animer non seulement ses personnels et ses multiples métiers mais encore son ou plutôt ses publics. C’est alors, presqu’en dénouement final et tout naturellement, que se pose la question revendiquée de la démocratisation culturelle.
Pour accompagner ces échanges, ces entretiens, ces entrelacs et ces points de vue(s) ininterrompus, une très riche (et parfois même inédite) iconographie souligne ces liens devenus évidents au lecteur entre opéra & Droit. On découvre alors des autographes, des contrats de chanteurs et de musiciens lyriques, des lettres et des requêtes ou encore des partitions évoquant le Droit et ses incarnations. La figure du procès « mis en scène » s’impose par suite comme une évidence avec ses « costumes boucliers » et ses « ballets » millimétrés. Le théâtre chanté et dansé fait alors place au(x) droit(s) dans les opéras mais pouvait-il en être autrement lorsque chacun de ces deux mondes propose une représentation du réel souligne en ce sens, à plusieurs reprises, l’initiateur de ce cheminement ?
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